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Vers la voiture autonome : Une évolution transformative dans le monde de la mobilité



Au tournant du XXe siècle, la voiture n'était qu'un luxueux privilège, un symbole de statut réservé à une élite aisée. Conçue pour accélérer les déplacements, elle représentait davantage un accessoire somptueux qu'un moyen de transport commun. Cependant, l'année 1908 marquerait un tournant majeur, car Henry Ford, ingénieur visionnaire, allait réécrire l'histoire automobile avec sa révolutionnaire Model T.

La Model T, produite à une échelle sans précédent, a changé le visage de l'industrie automobile en démocratisant l'accès à la voiture. La vision de Ford reposait sur un calcul simple mais ingénieux : accélérer la production pour rendre les voitures plus abordables au grand public. Cette décision audacieuse a inauguré une ère de production de masse, faisant de la voiture un bien de consommation courant au lieu d'un simple objet de luxe réservé à une élite privilégiée.

La dévalorisation relative de l'objet, résultant de sa démocratisation, a créé un phénomène sociétal. La voiture, autrefois un symbole de distinction sociale, est devenue un moyen de transport omniprésent dans la vie quotidienne. Cependant, cette omniprésence s'est accompagnée de nouveaux défis, tels que la saturation croissante du trafic dans les villes et la préoccupation croissante liée à la pollution atmosphérique causée par les véhicules à combustion. Défis actuels de la conduite automobile

Au fil des décennies, la voiture a évolué, passant d'une simple mécanique de déplacement à une partie intégrante du mode de vie moderne. Malheureusement, cette transformation a également engendré des problèmes auxquels la société est confrontée aujourd'hui. La saturation du trafic dans des métropoles comme Paris est devenue une réalité quotidienne, entraînant des pertes de temps considérables pour les conducteurs, un phénomène exacerbé aux heures de pointe.

Les statistiques actuelles dépeignent un tableau alarmant : les conducteurs parisiens perdent en moyenne 70 heures par an dans les embouteillages. Aux heures de pointe, le même trajet qui serait parcouru à une vitesse moyenne de 70 km/h prend 52 % de temps supplémentaire, avec une vitesse réduite à 38 km/h. Un véritable défi pour la fluidité du trafic et une source de frustration pour les citoyens urbains.

L'accroissement du nombre de véhicules a également donné naissance à un problème de recherche de stationnement, avec une voiture sur cinq à la recherche active d'une place de parking. Ce problème est encore exacerbé par la prévision que les deux tiers de la population mondiale habiteront en zone urbaine d'ici 2050, intensifiant la pression sur les infrastructures de transport existantes.

En dépit de ces défis, l'imaginaire lié à la voiture reste intact. Elle continue de représenter la promesse de liberté totale pour les conducteurs, la possibilité de se déplacer sur tous types de terrain, indépendamment des conditions météorologiques. Cependant, la réalité quotidienne révèle que la voiture moderne est devenue dépendante du carburant, de l'énergie et de l'entretien technique, créant un besoin quasi vital pour les citoyens vivant en périphérie des zones urbaines.

En ville, la voiture est devenue la première responsable de la pollution atmosphérique inhalée par les habitants. Selon l’Agence Française de Sécurité Sanitaire Environnementale (AFSSE), la pollution atmosphérique, dont les voitures contribuent pour un tiers, serait responsable chaque année du décès de 6 500 à 9 500 personnes en France. Dans les mégapoles, le smog est devenu une menace chronique, mettant en péril la santé publique.


La fascination pour la conduite reste un élément indéniable de la culture automobile. Le plaisir de maîtriser une machine complexe, de viser la perfection dans l'art de la conduite, a créé une symbiose entre l'homme et sa voiture. La voiture est devenue une extension du corps, suggérant une identité qui s'aligne avec l'expérience humaine de la conduite. Les courses automobiles, les circuits, et les pilotes les plus rapides continuent d'alimenter cette passion, offrant une expérience qui transcende la simple nécessité de se déplacer.

Cependant, ces moments de plaisir et de liberté s'accompagnent d'une réalité sombre. Chaque année dans le monde, on compte 1,3 million de décès sur les routes, avec 20 à 50 millions de blessés. Rien qu'en France, en 2015, on déplore 3 464 morts et 70 542 blessés dans des accidents de voiture. Une statistique troublante qui souligne la fragilité de la sécurité routière actuelle, largement influencée par les erreurs humaines, responsables de 90 % des accidents.

L'évolution silencieuse vers l'automatisation


Face à ces nombreux défis, la voiture autonome se profile comme une solution potentielle. Actuellement, les nouveaux véhicules intègrent déjà plusieurs outils d'aide à la conduite, tels que l'ABS et l'EPS, visant à corriger les erreurs humaines et à améliorer la sécurité routière. La voiture représente aujourd'hui une synthèse des normes et des règles qui influent sur la sécurité routière, cherchant à automatiser le véhicule pour le rendre progressivement autonome.


Dans cette transition vers la voiture autonome, une définition claire émerge. Une voiture autonome est équipée d'un système de pilotage automatique, capable de circuler sans l'intervention humaine dans des conditions de circulation réelle. En explorant davantage ce domaine en constante évolution, une analyse des modèles de véhicules autonomes existants et des modèles "concept" prospectifs s'impose :


Pour les constructeurs, les enjeux de la voiture autonome semblent se concentrer sur le confort et la sécurité. Quant aux concept-cars, ils se limitent à une amélioration de l'expérience individuelle du conducteur, avec des sièges qui se retournent, des volants qui disparaissent partiellement, des écrans qui deviennent plus grands pour offrir davantage d'options de divertissement ou améliorer le travail à bord.


Un sentiment s'installe : Si nous nous concentrons uniquement sur la transformation de la voiture sans prendre en compte l'infrastructure, nos villes, nos rues qui sont adaptées à un déplacement en voiture avec conducteur, ne risquons-nous pas de passer à côté d'une véritable révolution ?


Un approche systémique


S'interroger sur la voiture de demain, c'est également questionner son environnement. En se penchant sur la ville, façonnée par la voiture depuis un siècle, le débat sur l'influence potentielle de la voiture autonome dans l'espace urbain devient crucial pour concevoir le véhicule de demain. En prêtant attention à l'espace dédié à la voiture en se promenant dans les rues de Paris, en observant le périphérique, les ruelles étroites et les trottoirs, nous constatons la domination omniprésente de la voiture conduite par l'homme dans l'espace urbain. Même les éclairages nocturnes mettent en lumière la route, soulignant la priorité accordée aux conducteurs plutôt qu'aux piétons.


Des recherches scientifiques approfondies démontrent que l'introduction de services de véhicules autonomes partagés pourrait considérablement réduire la densité du trafic urbain. Des simulations informatiques prédisent qu'un tiers seulement des véhicules autonomes serait nécessaire pour assumer la densité actuelle de la circulation, promettant une fluidité accrue grâce à un réseau de communication entre les véhicules et l'infrastructure.


De plus, les voitures avec conducteurs sont immobiles 90% du temps, occupant une place de stationnement. Des expérimentations et des calculs menés par des chercheurs ont démontré qu'avec un service de voitures autonomes partagées, nous pourrions libérer l'espace consacré aux stationnements correspondant à la surface du 15e arrondissement de Paris. Cela souligne le potentiel de transformation systémique qu'offre la voiture autonome en repensant l'utilisation de l'espace urbain. Avant de réfléchir au confort du passager d'une voiture autonome, nous devons nous interroger sur la manière dont nous pourrions intégrer cette technologie pour améliorer nos villes. Il s'agit d'utiliser l'espace libéré afin de permettre aux citoyens de se réapproprier l'espace urbain, leurs rues et leurs quartiers.

Conclusion

La transition de la voiture traditionnelle vers la voiture autonome est déjà amorcée, présentant une promesse de transformation radicale dans notre façon de concevoir la mobilité. Cependant, si nous nous contentons de remplacer simplement les véhicules actuels par des modèles autonomes sans repenser profondément nos infrastructures et sans une réflexion systémique, nous risquons de passer à côté d'une opportunité cruciale pour résoudre les problématiques persistantes liées à la voiture.

Le simple remplacement de conducteurs humains par des algorithmes sophistiqués n'est qu'une partie de l'équation. Pour véritablement exploiter le potentiel de la voiture autonome, il est impératif d'adopter une approche holistique, repensant l'ensemble du système de transport. Les infrastructures urbaines doivent être adaptées pour accueillir ces nouvelles entités, favorisant une coexistence harmonieuse entre piétons, cyclistes, et véhicules autonomes.

La voiture autonome offre une chance unique de repenser notre relation avec la mobilité, de réduire la congestion urbaine, de minimiser les émissions nocives, et d'améliorer la sécurité routière. Cependant, pour concrétiser ces avantages, il est essentiel de considérer la voiture autonome comme un élément d'un écosystème plus vaste.

Investir dans des recherches approfondies, élaborer des politiques urbaines visionnaires et intégrer les technologies émergentes dans un contexte plus large de développement durable sont des étapes essentielles. La voiture autonome ne doit pas être perçue comme une simple substitution, mais comme une opportunité de repenser notre manière de vivre dans les villes et de concevoir des environnements urbains plus durables, connectés, et efficaces.



Sources :

  1. Henry Ford's Model T and the Making of America's Middle Class (2017) - James Rubenstein.

  2. Statistiques de la circulation à Paris - Observatoire de la Mobilité en Île-de-France.

  3. Rapport de l'Agence Française de Sécurité Sanitaire Environnementale (AFSSE) sur la pollution atmosphérique.

  4. Recherches scientifiques sur la voiture autonome - MIT Technology Review et IEEE Transactions on Intelligent Transportation Systems.


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